Page:Doyle - La bataille de Sedgemoor, trad. Savine, 1911.djvu/173

Cette page n’a pas encore été corrigée

Au milieu même des piqueurs, brillaient des casques d'acier.

Les sabres se levaient et retombaient.

Toute la troupe fut obligée de reculer, d'au moins deux cents pas, sans cesser de lutter furieusement, et alors elle se mêla à d'autres corps auxquels le choc avait fait perdre toute apparence d'ordre militaire.

Pourtant on se refusait à fuir.

Les gens du Devon, du Dorset, du Comté de Wills, et quelques-uns du Somerset, piétinés par les chevaux, sabrés par les dragons, tombant par vingtaines sous l'averse des boulets, continuaient à se battre avec un courage obstiné, désespéré pour une cause perdue et pour un homme qui les avait abandonnés.

De quelque côté que tombât mon regard, je voyais des figures contractées, les dents serrées.

On jetait des hurlements de rage et de défi, mais aucun cri n'annonçait la crainte ni le désir de se rendre.

Quelques-uns se hissèrent sur les croupes des chevaux et arrachaient les cavaliers de leur selle.

D'autres, étendus la face contre terre, coupaient les jarrets aux chevaux avec le tranchant de leurs faux et poignardaient les hommes avant qu'ils eussent le temps de se dégager.

Les gardes se lançaient en tout sens, sans relâche à travers eux, et cependant les rangs rompus