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de coq ou d'une course de taureau, répondis-je avec quelque froideur. C'est un moment solennel et triste, quel que soit le vainqueur, c'est du sang anglais qui va détremper le sol de l'Angleterre.

-Il n'y en aura que plus de place pour ceux qui resteront, dit-il d'un ton léger. Regardez-moi, par là-bas, ces feux de leur bivouac, qui brillent à travers le brouillard. Quelle était donc la recommandation que vous faisait votre ami le marin? Prenez bien leur côté sous le vent, puis... à l'abordage! Hé, en avez-vous parlé au colonel?

-Ah! non, ce n'est pas le moment de faire des plaisanteries, des jeux de mots, répondis-je d'un ton grave. Il y a des chances pour que bien peu d'entre nous voient le soleil se lever demain.

-Je ne suis pas très curieux de le voir, fit-il en riant. Il sera quelque chose de fort semblable à celui d'hier. Par ma foi! bien que je ne me sois jamais levé pour en voir un en ma vie, il m'est arrivé d'en voir des centaines avant de me mettre au lit.

-J'ai dit à l'ami Ruben les quelques choses que je désire dans le cas où je succomberais, dis-je. J'ai éprouvé un grand soulagement d'esprit, en songeant que je laisse derrière moi quelques mots d'adieu, et un petit souvenir à tous ceux que j'ai connus. Puis-je vous offrir un service de ce genre?