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me poser une telle question. En quoi peut-elle intéresser l’affaire ?

— Cependant, il faut que j’insiste.

— Eh bien, je refuse de répondre.

— Soit ! Mais vous comprendrez que votre refus équivaut à une réponse, car vous répondriez si vous n’aviez quelque chose à cacher. »

Mr. Barker se tut un moment, le visage tiré, sombre, les sourcils bas, comme sous l’effort d’une concentration intérieure. Puis il releva la tête, et avec un sourire :

« Mon Dieu, messieurs, je suppose que vous faites votre devoir et qu’il ne m’appartient pas de vous gêner. La seule chose que je vous demande, c’est de ne pas ajouter, par une question de cette nature, aux ennuis déjà suffisants de Mrs. Douglas. Pourquoi ne pas le reconnaître ? Le pauvre Douglas n’avait qu’un défaut : sa jalousie. Il me portait la plus grande amitié ; jamais un homme n’en aima davantage un autre. Et il était très attaché à sa femme. Aussi, tout en se plaisant à mes visites, tout en ne cessant pas de me relancer, il supportait mal que sa femme causât avec moi ou qu’il y eût entre nous un semblant de sympathie. Sa jalousie l’emportait, il ne se possédait pas, il se livrait à des scènes folles. Maintes fois je lui jurai que je ne mettrais plus les pieds chez lui. Mais alors il m’écrivait des lettres si contraintes, si suppliantes ! Entendez-moi bien, messieurs : quand ce devrait être mon dernier mot, j’affirme que