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fini par lui valoir, en cinq ans, une espèce de célébrité à Birlstone.

Sa femme ne rencontrait pas une moindre sympathie chez ceux qui l’approchaient. Il est vrai que nos usages réduisaient à peu le nombre de ses connaissances : étrangère au pays et venue s’y établir sans lettres d’introduction, elle ne recevait guère de visites. Elle s’accommodait de la retraite, sans doute par disposition naturelle ; le soin de son mari, de sa maison, semblait l’absorber totalement. On savait qu’elle était Anglaise, qu’elle avait rencontré Douglas à Londres, et qu’à cette époque il était veuf. Belle, brune, élancée, elle pouvait avoir quelque vingt ans de moins que lui, mais cette disparité n’avait pas l’air de contrarier beaucoup l’harmonie du ménage. Pourtant, ceux qui les voyaient un peu s’avisèrent parfois qu’il ne régnait pas entre eux une confiance absolue ; car l’extrême discrétion de la femme en ce qui concernait le passé du mari montrait que, vraisemblablement, elle en était mal informée. Quelques observateurs avaient, en outre, surpris certains signes de nervosité chez Mrs. Douglas : elle manifestait la plus vive inquiétude dès que son mari absent tardait à revenir. Dans le calme de ces coins de campagne où l’on accueille avec empressement la moindre rumeur, cette faiblesse de la dame du manoir ne manqua pas de provoquer les commentaires, et le souvenir s’en amplifia dans la mémoire des gens quand les