Page:Doyle - La Vallée de la peur.djvu/248

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Je tiens à m’expliquer d’un mot avant que nous nous séparions, dit l’homme qui les avait pris au piège. Nous ne nous reverrons sans doute que devant le juge, et je voudrais, en attendant, vous fournir quelques sujets de réflexion. Vous savez désormais qui je suis. Je puis enfin abattre mes cartes. Je suis Birdy Edwards, de l’agence Pinkerton. Choisi pour anéantir votre clique, j’avais à jouer un jeu difficile et dangereux. Ni mon plus proche parent ni mon ami le plus cher, personne n’en soupçonna rien, personne, à l’exception du capitaine Marwin et de mes chefs. Ce soir, Dieu merci, la partie est finie – et c’est moi qui gagne ! »

Sept pâles figures rigides demeuraient clouées sur la sienne ; elles exprimaient la haine implacable et la menace.

« Vous croyez peut-être que le jeu continue ? Soit ! j’aviserai. En tout cas, je sais plusieurs d’entre vous qui ne prendront plus jamais la main, et je ne parle pas d’une soixantaine de vos acolytes qui, ce soir, coucheront en prison. Je vous l’avoue, quand on me chargea de cette affaire, je refusai de croire qu’il existât une société comme la vôtre. « Imagination de journalistes », pensai-je ; et je me flattai d’en faire la preuve. On me dit que vous dépendiez des Hommes Libres ; j’allai à Chicago, je me fis recevoir parmi eux, et je ne crus que davantage à des racontars de journaux, car je trouvai une société non seulement inoffensive,