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Maître. Il était devenu si nécessaire dans les conseils qu’on ne faisait rien sans son avis et son assistance. Cependant, plus il gagnait en popularité près des Hommes Libres, plus les figures se renfrognaient sur son passage dans les rues de Vermissa. Les citoyens, dominant leurs craintes, commençaient à se liguer contre leurs oppresseurs. On avait eu vent, à la loge, de réunions secrètes tenues dans les bureaux du Herald, et d’une distribution d’armes chez les partisans de la légalité. Mac Ginty et ses gens n’en conçurent pas d’inquiétude. Ils étaient nombreux, résolus, forts ; leurs adversaires n’avaient ni cohésion, ni moyens ; tout cela finirait, comme dans le passé, par d’inutiles parlotes, peut-être par d’importantes arrestations. C’était le sentiment de Mac Ginty, de Mac Murdo et des plus audacieux de la bande.

La loge tenait séance tous les samedis. Un samedi de mai, Mac Murdo s’apprêtait à s’y rendre, quand il reçut la visite de Morris. Le brave homme avait l’air rongé par le souci ; sa figure était tirée, défaite.

« Puis-je causer librement avec vous, monsieur Mac Murdo ?

— Bien sûr.

— Je n’oublie pas que je vous ai déjà ouvert mon cœur, et que vous n’en avez rien dit à personne, même quand vous avez eu à subir un interrogatoire du Maître.

— Vous vous étiez confié à moi ; pouvais-je