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je refuse d’en subir un deuxième comme pensionnaire. Je vous le déclare tout net : vous ne dormirez pas chez moi demain ! »

Ainsi, Mac Murdo se voyait ensemble exilé d’un bon logis et d’une chère présence. Un peu plus tard dans la soirée, se trouvant seul au salon avec Ettie, il lui confia ses peines. « Votre père me renvoie, dit-il. Peu m’importerait s’il ne s’agissait que de ma chambre ; mais il y a vous, Ettie. Je ne vous connais que depuis une semaine, et je ne respire plus que par vous, je ne saurais vivre sans vous.

— Ah ! de grâce, ne parlez pas ainsi, monsieur Mac Murdo ! répondit la jeune fille. Ne vous ai-je pas dit que vous veniez trop tard ? Un autre vous a devancé. Sans doute je ne lui ai pas promis de l’épouser tout de suite, mais enfin je ne puis plus le promettre à personne.

— Supposé que je fusse venu le premier, aurais-je eu quelque chance, Ettie ? »

Elle enfouit son visage dans ses mains.

« Plût au ciel que vous fussiez venu le premier ! s’écria-t-elle dans un sanglot.

Alors, Mac Murdo, s’agenouillant :

« Pour l’amour de Dieu, Ettie, tenons-nous-en là ! Ruinerez-vous deux existences, la vôtre et la mienne, à cause d’une promesse imprudente ? Écoutez votre cœur ! C’est un guide plus sûr qu’une parole donnée par vous à la légère, avant de savoir à quoi vous vous engagiez. »