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long d’un quai mal éclairé, et il se produisait un mouvement général de descente, car Vermissa était, de beaucoup, la station la plus importante de la ligne. Mac Murdo, ayant pris sa valise de cuir, allait s’éloigner dans l’ombre, quand un des mineurs l’accosta.

« Pardieu, camarade, vous savez la manière de traiter les flics ! prononça-t-il sur un ton d’estime respectueuse. Il y avait plaisir à vous entendre. Laissez-moi porter votre sac et vous montrer la route. Je vous mène chez Shafter en allant dîner.

— Bonne nuit ! » firent les autres en chœur, au moment où ils passèrent.

Avant même d’avoir mis les pieds à Vermissa, Mac Murdo y devenait un personnage.

Si la campagne qu’il venait de traverser lui avait paru un séjour de terreur, la ville était plus effrayante encore. Au moins, cette longue vallée, avec ses embrasements et ses fumées en fuite, avait une certaine grandeur sinistre ; l’énergie et l’industrie de l’homme trouvaient des monuments dignes d’elles dans les hauteurs qu’elles parsemaient de monstrueuses excavations. Mais la ville n’était que laideur et malpropreté. Dans la grand’rue, la neige et la boue, incessamment piétinées, faisaient comme une pâte gluante. Les trottoirs étaient inégaux, étroits. Les becs de gaz, nombreux, éclairaient d’interminables files de maisons de bois, toutes ayant leur véranda sur la rue, mais négligées et sordides. Comme Mac