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chance de nous évader jamais, alors que chacun de nous était maître d’un secret qui nous aurait permis de vivre dans un palais le jour où nous aurions pu en profiter. C’était vraiment un supplice infernal que de supporter tous les mauvais traitements du dernier surveillant venu, de n’avoir que du riz à manger et de l’eau à boire, tandis que ces immenses richesses étaient là à nous attendre dans le trou où nous les avions enfouies. J’aurais pu en devenir fou, mais je suis doué d’une force de volonté rare ; aussi je tins bon, me contentant d’attendre mon heure.

« Je crus enfin la voir venir. D’Agra on m’avait expédié à Madras, et de là à l’île de Blair dans l’archipel Andaman. Les forçats européens sont rares dans cette colonie, aussi j’y acquis bientôt une situation privilégiée. On m’accorda une case à Hope Town, petite ville située sur le versant du mont Harriet, et je pus jouir d’une certaine indépendance. C’est un endroit triste et fiévreux ; toute la région qui entoure les défrichements que nous avons créés est infestée de cannibales et ceux-ci ne cherchaient que l’occasion de nous envoyer dans la peau un dard empoisonné. Toute la journée nous étions occupés à bêcher, à creuser, faire des plantations, etc., mais le soir nous