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nous puissions nous assurer que c’est bien notre homme. »

« La lueur tremblotante continuait à s’avancer malgré quelque temps d’arrêt, jusqu’à ce qu’il me fût possible de distinguer deux silhouettes qui se détachaient en noir de l’autre côté du fossé. Je les laissai dégringoler la rampe opposée, patauger dans la boue du fond et remonter à moitié l’autre pente avant de les interpeller.

« — Qui vive ? dis-je à mi-voix.

« — Amis ! nous fut-il répondu.

« Je démasquai ma lanterne et la dirigeai sur eux. En tête, marchait un énorme Sikh dont la barbe noire descendait jusqu’à la ceinture. Je n’avais jamais vu, si ce n’est dans les foires, un pareil géant. Le second était un petit homme, très gros, tout rond, coiffé d’un large turban jaune et portant un paquet enveloppé dans un châle. Il semblait en proie à la frayeur la plus intense, car ses mains tremblaient, comme agitées par une fièvre violente, et il faisait aller de droite et de gauche sa tête, au milieu de laquelle on voyait étinceler deux petits yeux brillants et vifs, tout comme une souris qui s’avance hors de son trou. Je frissonnai d’abord à l’idée du meurtre qui allait se commettre, mais je pensai au trésor