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moi une bonne fortune. Un planteur d’indigo, nommé Abel White, avait besoin d’un contre-maître pour surveiller ses coolies et les faire travailler. Or, c’était un ami de mon colonel, et celui-ci s’était fort intéressé à moi depuis mon accident. Enfin, pour tout résumer en quelques mots, le colonel me recommanda chaudement à Mr White. Comme j’avais surtout à parcourir la plantation à cheval pour m’assurer du travail fait et prendre en note les paresseux, ma jambe n’était pas un obstacle, car il me restait assez de pince pour me tenir bien en selle. Mes appointements étaient considérables, mon logement confortable, et j’envisageais gaiement la perspective de passer le reste de ma vie dans une plantation d’indigo. Mon maître était un homme fort aimable et il lui arrivait souvent de venir dans ma petite cabane fumer une pipe avec moi ; dans ces pays-là, voyez-vous, les gens de race blanche se sentent au cœur l’un pour l’autre des tendresses qui leur seraient inconnues dans leur patrie.

« Mais quand j’ai eu de la veine, elle n’a jamais duré longtemps. Un beau jour, sans aucun présage précurseur, la grande révolte éclata. La veille, les Indes paraissaient aussi calmes et aussi tranquilles que les comtés de Surrey ou de Kent.