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« Elle file joliment bien, dit-il. Je ne sais si nous pourrons l’atteindre.

— Il le faut s’écria Holmes en grinçant des dents, il le faut. À toute vapeur, chauffeurs. Donnez tout ce que vous pourrez, dussions-nous brûler le bateau, il faut que nous les rattrapions. »

La chasse était commencée. Les chaudières de l’Aurora ronflaient bruyamment et ses puissantes machines sifflaient et résonnaient comme pour donner passage à la respiration du géant de métal. Sa proue effilée coupait les eaux calmes de la rivière et les rejetait en deux grosses vagues à droite et à gauche. Pour nous, nous bondissions derrière elle, fortement secoués par chaque effort que faisait notre embarcation. Un puissant fanal fixé à l’avant projetait sa lumière jaunâtre devant nous ; une large tache sombre nous indiquait l’Aurora, tandis que les tourbillons d’écume laissés par elle dans son sillage témoignaient de la vitesse à laquelle elle marchait. Notre bateau, lancé comme une flèche, dépassait successivement les barques, les vapeurs, les navires marchands, se glissant derrière les uns, contournant les autres… Des voix nous hélaient dans l’obscurité, mais l’Aurora filait toujours et nous ne quittions pas sa trace.