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dans le journal. J’essayai bien de lire, mais mes pensées s’envolaient vers notre singulière enquête et vers la paire de coquins si étrangement assortis auxquels nous donnions la chasse. Je me demandais si le raisonnement de mon compagnon ne contenait pas quelque lacune énorme et s’il ne se préparait pas une immense déception. Son esprit si vif et si chercheur n’avait-il pas par hasard échafaudé toute son ingénieuse théorie sur des bases complètement erronées ? Je ne l’avais, il est vrai, jamais vu se tromper ; mais qui peut se vanter d’être infaillible ? Les subtilités dans lesquelles se complaisait toujours sa logique, sa préférence à admettre les explications les plus compliquées et les plus bizarres devaient, il me semblait, l’amener facilement à commettre une erreur. Cependant, d’autre part, j’avais moi-même apprécié les preuves qu’il m’avait fournies et approuvé toutes ses déductions. En me remémorant l’enchaînement des faits, en voyant combien les détails les plus insignifiants en apparence concouraient à renforcer sa thèse, j’étais forcé d’avouer que si celle d’Holmes était fausse, la véritable devait, en tout cas, être tout aussi étrange, tout aussi extraordinaire.

À trois heures de l’après-midi, j’entendis un