L’ÉTRANGE COLLÈGUE
Mr. Lumsden, l’associé principal de la fameuse agence scolaire et ecclésiastique Lumsden et Westmacott, était un homme petit, vif, aux façons brusques et coupantes, à l’œil critique, à la parole incisive.
« Votre nom, Monsieur ? me dit-il, assis, la plume à la main, devant son folio rayé de rouge.
— Harold Weld.
— Oxford ou Cambridge ?
— Cambridge.
— Grades ?
— Sans grades.
— Éducation physique ?
— Rien de remarquable.
— Pas champion, alors ?
— Oh, non ! »
Mr. Lumsden eut un hochement de tête découragé, avec un haussement d’épaules qui fit tomber plus bas que zéro toutes mes espérances.
« Voyez-vous, Mr. Weld, reprit-il, ces emplois de professeurs sont très recherchés. Il y a beaucoup de demandes et peu d’offres. Soyez de première force à la rame ou au cricket, ayez passé très brillamment vos examens, et vous trouverez le plus souvent une place ; je puis même dire toujours si vous jouez au cricket. Mais avec des capacités moyennes – passez-moi l’expression, Mr. Weld, – vous vous heurterez à des difficultés très grandes, presque insurmontables – Nous avons déjà plus de cent noms sur nos listes. Si vous jugez qu’il vaille la peine d’y ajouter le vôtre, j’ose espérer que d’ici à quelques années nous aurons pour vous une proposition que… »
Il s’arrêta : on venait de frapper à la porte. Un commis entra, tenant une lettre. Mr. Lumsden la décacheta, puis, l’ayant lue :