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il fit brusquement demi-tour et se trouva soudain en face de l’homme qui le poursuivait.

Il eut un sursaut et poussa une exclamation en voyant la figure livide et contractée, les yeux allumés et les dents serrées d’une tête qui semblait surgir isolée dans l’air derrière lui.

« Comment, Otto ! s’écria-t-il en reconnaissant son ami, es-tu malade ? tu es tout pâle, viens avec moi dans ma… Arrête, insensé, lâche cette hache, lâche-la, te dis-je, ou, par le ciel, je t’étranglerai ! »

Von Schlegel s’était jeté sur lui en poussant un cri féroce et brandissant l’arme ; mais l’étudiant était un homme courageux et résolu. Il se lança en dedans de la courbe que décrivait là hachette et saisit son agresseur par la taille, évitant ainsi un coup qui lui eût fendu la tête.

Tous deux luttèrent un moment dans une étreinte mortelle.

Schlegel s’efforçait de ramener son arme à lui, mais Strauss, faisant un effort désespéré, parvint à l’étendre à terre, et tous deux roulèrent ensemble dans la neige, Strauss luttant pour maintenir le bras de l’autre et appelant à l’aide à grands cris.

Et il fit bien d’agir ainsi, car Schlegel aurait certainement réussi à dégager son bras, sans l’arrivée de deux vigoureux gendarmes, que le bruit avait attirés.

Même en se mettant à trois, ils eurent la plus grande peine à maîtriser Schlegel, dont la folie furieuse doublait la force, et il leur fut impossible d’arracher de sa main convulsionnée la hachette d’argent.