Page:Doyle - La Hachette d'Argent, paru dans le Journal des Voyages, 1907-1908.pdf/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Schlegel se baissait pour mettre la clef dans la serrure, quand un changement étrange s’opéra en lui.

Il trembla violemment, au point que la clef s’échappa de ses doigts agités.

Sa main droite se contracta d’une manière convulsive sur le manche de la hachette d’argent ; les yeux allumés d’une lueur haineuse, il suivit du regard la silhouette de plus en plus éloignée de son ami.

Malgré le froid de la nuit, la sueur ruisselait sur sa figure. Pendant un moment, on eût dit qu’il luttait contre une impulsion intérieure. Il portait la main à sa gorge, comme s’il étouffait.

Puis, le corps courbé, marchant sans bruit, il se mit à suivre furtivement le compagnon qu’il venait de quitter.

Strauss allait d’un pas lourd et ferme à travers la neige, en sifflant quelques mesures d’une chanson d’étudiant, et ne songeant guère qu’un sombre personnage le poursuivait. À la Grande Place, il y avait quarante mètres de distance entre eux ; à la place Saint-Julien, il n’y en avait plus que vingt ; dans la rue Saint-Étienne, il n’y en avait que dix et l’autre gagnait du terrain avec la rapidité d’une panthère.

Il n’était déjà plus qu’à une faible distance de l’homme qui marchait sans défiance, et la hachette brillait d’une lueur froide à la clarté de la lune, quand un léger bruit parvint sans doute aux oreilles de Strauss, car