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côté, toutes déjetées, toutes déformées. Un de ses mollets avait été en partie arraché.

Il rit de son air le plus gai en voyant mon étonnement.

— Cosaques ! Cosaques ! dit il en promenant sa main sur ses cicatrices. Les côtes ont été brisées par un caisson d’artillerie. C’est chose fort mauvaise quand des canons vous passent sur le corps. Ah ! quand c’est de la cavalerie, ce n’est rien. Un cheval, si rapide que soit son allure, regarde toujours où il pose le pied. Il m’est passé sur le corps quinze cents cuirassiers et les hussards russes de Grodno sans avoir eu grand mal. Mais les canons, c’est très mauvais.

— Et le mollet ? demandai-je.

Pouf ! C’est seulement une morsure de loup, dit-il. Vous ne croiriez jamais comment j’ai attrapé cela ? Vous saurez que mon cheval et moi, nous avions été atteints, lui tué, et moi les côtes brisées par le caisson. Or il faisait un froid… un froid si âpre, si âpre ! Le sol dur comme du fer, et personne pour s’occuper des blessés, de sorte qu’en gelant ils prenaient des attitudes qui vous auraient