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jim harrison, boxeur

pas qu’il y eut beaucoup de gens de notre âge, capables d’une attitude aussi ferme.

— Mais quant à ce fantôme, dit-il, ce dut être un produit de votre imagination. C’est une faculté qui nous joue des tours étranges et, bien, que j’aie les nerfs aussi solides qu’on peut les désirer, je ne pourrais répondre de ce qui m’arriverait, s’il me fallait demeurer à minuit sous ce plafond taché de sang.

— Mon oncle, dis-je, j’ai vu un homme aussi distinctement que je vois ce feu et j’ai entendu les claquements aussi distinctement que j’entends les pétillements des bûches. En outre, nous n’avons pu être trompés tous les deux.

— Il y a du vrai dans tout cela, dit-il d’un air pensif. Vous n’avez pas discerné les traits ?

— Il faisait trop noir.

— Rien qu’un individu ?

— La silhouette noire d’un seul.

— Et il a battu en retraite en montant l’escalier ?

— Oui.

— Et il a disparu dans la muraille ?

— Oui.

— Dans quelle partie de la muraille ? dit fort haut une voix derrière nous.

Ma mère jeta un cri. Mon père laissa tomber sa pipe sur le tapis du foyer.

J’avais fait demi-tour, l’haleine coupée.

C’était le domestique Ambroise, dont le corps disparaissait dans l’ombre de la porte, mais dont la figure brune se projetait en avant, en pleine lumière, fixant ses yeux flamboyants sur les miens.

— Que diable signifie cela ? s’écria mon oncle.

Il fût étrange de voir s’effacer cet éclair de passion du visage d’Ambroise.