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jim harrison, boxeur

chose qui fait aussi bien partie de moi que ma main, et qui m’oblige à parler franchement.

— Je le sais, vous êtes aussi fier que Lucifer.

— Je suis né ainsi, Roddy et je ne puis être autrement. La vie me serait plus aisée si je le pouvais. J’ai été fait pour être mon propre maître et il n’y a qu’un endroit au monde où je puisse espérer l’être.

— Quel est-il, Jim ?

— C’est Londres. Miss Hinton m’en a tant parlé, que je me sens capable d’y trouver mon chemin d’un bout à l’autre. Elle se plaît à en parler, autant que moi à l’entendre. J’ai tout le plan dans ma tête. Je vois en quelque sorte où sont les théâtres, dans quel sens coule le fleuve, où se trouve l’habitation du roi, où se trouve celle du Prince et le quartier qu’habitent les combattants. Je pourrais me faire un nom à Londres.

— Comment ?

— Peu importe, Rod. Cela je pourrai le faire et je le ferai aussi. « Attendez, me dit mon oncle, attendez, et tout s’arrangera pour vous. » Voilà ce qu’il dit tout le temps et ce que répète mon oncle. Mais pourquoi attendre ? Mon Roddy, je ne resterai pas plus longtemps dans ce petit village à me ronger le cœur. Je laisserai mon tablier derrière moi. J’irai chercher fortune à Londres et quand je reviendrai à Friar’s Oak, ce sera dans l’équipage de ce gentleman que voilà.

Tout en parlant, il étendit la main vers une voiture de couleur cramoisie qui arrivait par la route de Londres, traînée par deux juments baies attelées en tandem.

Les rênes et les harnais étaient de couleur faon clair. Le gentleman qui conduisait portait un costume assorti à cette teinte et derrière lui se tenait un valet en livrée de couleur foncée.