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Bien que mes parents fussent mariés depuis fort longtemps, ils avaient, en réalité, passé très peu de temps ensemble et leur affection mutuelle était aussi ardente et aussi fraîche que celle de deux amants mariés d’hier.

J’ai appris depuis que l’homme de mer peut être grossier, répugnant, mais ce n’est point par mon père que je le sais, car bien qu’il eut passé par des épreuves aussi rudes qu’aucun d’eux, il était resté le même homme, patient, avec un bon sourire et une bonne plaisanterie pour tous les gens du village.

Il savait se mettre à l’unisson de toute société, car, d’une part, il ne se faisait pas prier pour trinquer avec le curé ou avec sir James Ovington, squire de la paroisse, et d’autre part, passait sans façon des heures entières avec mes humbles amis de la forge, le champion Harrison, petit Jim et les autres.

Il leur contait sur Nelson et ses marins des histoires telles que j’ai vu le Champion joindre ses grosses mains, pendant que les yeux du petit Jim pétillaient comme du feu sous la cendre, tandis qu’il prêtait l’oreille.

Mon père avait été mis à la demi-solde, comme la plupart des officiers qui avaient servi pendant la guerre, et il put passer ainsi près de deux ans avec nous.

Je ne me souviens pas qu’il y ait eu le moindre désaccord entre lui et ma mère, excepté une fois.

Le hasard voulut que j’en fusse la cause, et comme il en résulta des événements importants, il faut que je vous raconte comment cela arriva.

Ce fut en somme le point de départ d’une série de faits qui influèrent non seulement sur ma destinée, mais sur celle de personnes bien plus considérables.

Le printemps de 1803 fut fort précoce.