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La portière était ouverte et j’y voyais la jupe noire de ma mère et ses petits pieds qui dépassaient. Elle avait pour ceinture deux bras vêtus de bleu et le reste de son corps disparaissait dans l’intérieur.

Alors je courus à la recherche de la devise. Je l’épinglai sur les massifs, ainsi que nous en étions convenus et quand ce fut fini, je vis les jupons et les pieds et les bras bleus toujours dans la même position.

— Voici Rod, dit enfin ma mère qui se dégagea et remit pied à terre. Roddy, mon chéri, voici votre père.

Je vis la figure rouge et les bons yeux bleus qui me regardaient.

— Ah ! Roddy, mon garçon, vous n’étiez qu’un enfant quand nous échangeâmes le dernier baiser d’adieu, mais je crois que nous aurons à vous traiter tout différemment désormais. Je suis très content, content du fond du cœur de vous revoir, mon garçon, et quant à vous, ma chérie…

Et les bras vêtus de bleu sortirent une seconde fois pendant que le jupon et les deux pieds obstruaient de nouveau la porte.

— Voilà du monde qui vient, Anson, dit ma mère en rougissant. Descendez donc et entrez avec nous.

Alors et soudain, nous fîmes tous deux la remarque que pendant tout ce temps-là, il n’avait remué que les bras et que l’une de ses jambes était restée posée sur le siège en face la chaise.

— Oh ! Anson ! Anson ! s’écria-t-elle.

— Peuh ! dit-il en prenant son genou entre les mains et le soulevant, ce n’est que l’os de ma jambe. On me l’a cassé dans la baie, mais le chirurgien l’a repêché, mis entre des éclisses, il est resté tout de même un peu de travers. Ah ! quel cœur tendre elle a ! Dieu me bénisse,