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Ces yeux-là étaient peut-être ce qu’il y avait de plus remarquable dans sa physionomie. Ils avaient une très belle couleur bleu clair qui rendait plus brillante encore cette monture de couleur de rouille.

La nature avait dû lui donner un teint très blanc, car quand il rejetait en arrière sa casquette, le haut de son front était aussi blanc que le mien, et sa chevelure coupée très ras avait la couleur du tan.

Ainsi qu’il le disait avec fierté, il avait servi sur le dernier de nos vaisseaux qui fut chassé de la Méditerranée en 1797 et sur le premier qui y fut rentré en 1798.

Il était sous les ordres de Miller, comme troisième lieutenant du Thésée, lorsque notre flotte, pareille à une meute d’ardents foxhounds lancés sous bois, volait de la Sicile à la Syrie, puis de là revenait à Naples, dans ses efforts pour retrouver la piste perdue.

Il avait servi avec ce même brave marin sur le Nil, où les hommes qu’il commandait ne cessèrent d’écouvillonner, de charger et d’allumer jusqu’à ce que le dernier pavillon tricolore fût tombé. Alors ils levèrent l’ancre maîtresse et tombèrent endormis, les uns sur les autres, sous les barres du cabestan.

Puis, devenu second lieutenant, il passa à bord d’un de ces farouches trois-ponts à la coque noircie par la poudre, aux œils-de-pont barbouillés d’écarlate, mais dont les câbles de réserve, passés par-dessous la quille et réunis par-dessus les bastingages, servaient à maintenir les membrures et qui étaient employés à porter les nouvelles dans la baie de Naples.

De là, pour récompenser ses services, on le fit passer comme premier lieutenant sur la frégate l’Aurore qui était chargée de couper les vivres à la ville de Gênes et il y resta jusqu’à la paix qui ne fut conclue que longtemps après.