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Elle le regarda en face, et je crois voir encore ses yeux noirs prenant une expression plus douce sous le regard de Jim :

— Est-ce que je n’en goûterai pas un peu ?

— Je vous prie, n’y touchez pas.

D’un mouvement rapide, elle lui arracha la bouteille de la main et la leva de telle sorte qu’il me vint l’idée qu’elle allait la vider d’un trait. Mais elle la lança au dehors par la fenêtre ouverte et nous entendîmes le bruit que fit la bouteille en se cassant sur l’allée.

— Voyons, Jim, dit-elle, cela vous satisfait ? Voilà longtemps que personne ne s’inquiète si je bois ou non.

— Vous êtes trop bonne, trop généreuse pour boire, dit-il.

— Très bien ! s’écria-t-elle, je suis enchantée que vous ayez cette opinion de moi. Et cela vous rendrait-il plus heureux, Jim, que je m’abstienne de brandy ? Eh bien ! je vais vous faire une promesse, si vous m’en faites une de votre côté.

— De quoi s’agit-il, Miss ?

— Pas une goutte ne touchera mes lèvres, Jim, si vous me promettez de venir ici deux fois par semaine, quelque temps qu’il fasse, qu’il pleuve ou qu’il y ait du soleil, qu’il vente ou qu’il neige, que je puisse vous voir et causer avec vous, car vraiment il y a des moments où je me trouve bien seule.

La promesse fut donc faite et Jim s’y conforma très fidèlement, car bien des fois, quand j’aurais voulu l’avoir pour compagnon à la pêche ou pour tendre des pièges aux lapins, il se rappelait que c’était le jour réservé et se mettait en route pour Anstey-Cross.

Dans les commencements, je crois qu’elle trouva son engagement difficile à tenir et j’ai vu Jim revenir la