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Jim était au coin de la forge où il m’attendait.

Nous traversâmes ensemble le pré de John, nous dépassâmes la ferme de Ridden et nous ne rencontrâmes en route qu’un ou deux officiers à cheval.

Il soufflait un vent assez fort et la lune ne faisait que se montrer par instants, par les fentes des nuages mobiles, de sorte que notre route était tantôt éclairée d’une lumière argentée et tantôt enveloppée d’une telle obscurité que nous nous perdions parmi les ronces et les broussailles qui la bordaient.

Nous arrivâmes enfin à la porte à claire-voie, flanquée de deux gros piliers, qui donnait sur la route.

Jetant un regard à travers les barreaux, nous vîmes la longue avenue de chênes et au bout de ce tunnel de mauvais augure, la maison dont la façade apparaissait blanche pâle au clair de la lune.

Pour mon compte, je m’en serais tenu volontiers à ce coup d’œil, ainsi qu’à la plainte du vent de nuit qui soupirait et gémissait dans les branches.

Mais Jim poussa la porte et l’ouvrit.

Nous avançâmes en faisant craquer le gravier sous nos pas.

Elle nous dominait de haut, la vieille maison, avec ses nombreuses petites fenêtres qui scintillaient au clair de la lune et son filet d’eau qui l’entourait de trois côtés.

La porte en voûte se trouvait bien en face de nous et sur un des côtés un volet pendait à un des gonds.

— Nous avons de la chance, chuchota Jim. Voici une des fenêtres qui est ouverte.

— Ne trouvez-vous pas que nous sommes allés assez loin, Jim ? fis-je en claquant des dents.

— Je vous ferai la courte échelle pour entrer.

— Non, non, je ne veux pas entrer le premier.