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jim harrison, boxeur

J’ai été filouté et nargué, mais on finit par apprendre la prudence et jamais je ne patronnerai une lutte de professionnels.

Si j’avais été plus âgé ou s’il m’avait inspiré moins de crainte, j’aurais pu lui dire ce que j’avais dans le cœur.

Je lui aurais demandé de renoncer à d’autres choses encore et d’abandonner ce monde superficiel dans lequel il vivait, de chercher une autre tâche qui fût digne de sa vigoureuse intelligence et de son excellent cœur.

Mais à peine cette pensée avait-elle surgi dans mon esprit, qu’il avait oublié ces moments de sérieux et se mettait à causer de nouveaux harnais à ornements d’argent qu’il comptait inaugurer sur le Mail, ou bien du pari de mille livres qu’il se proposait de mettre sur sa jeune jument Ethelberta contre Aurelius, le fameux cheval de trois ans de Lord Doncaster.

Nous avions atteint Whiteman’s Green, ce qui faisait une bonne moitié de la distance entre la dune de Crawley et Friar’s Oak, lorsque je jetai un coup d’œil en arrière et je vis sur la route le reflet du soleil sur une haute voiture jaune.

Sir Lothian Hume nous suivait.

— Il a reçu la même invitation que nous et il se rend au même but, dit mon oncle en jetant un coup d’œil par-dessus son épaule. On nous demande tous les deux à la Falaise royale, nous, les deux survivants de cette sombre affaire. Et c’est Jim Harrison qui nous y appelle. Mon neveu, j’ai mené une existence pleine d’événements, mais je sens que c’est une scène plus étrange que les autres, qui m’attend parmi ces arbres.

Il fouetta les juments.

Alors, grâce à la courbe que faisait la route, nous pûmes apercevoir les hauts et noirs pignons du vieux