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jim harrison, boxeur

il me brûle terriblement mes lèvres fendues. Ah ! voici John Cummings, l’hôtelier de Friar’s Oak, aussi vrai que je suis un pêcheur ! On le croirait à la recherche d’un médecin des fous, à en juger par la figure qu’il fait.

C’était, en effet, un singulier personnage que celui qui s’avançait avec nous sur la lande.

Il avait la figure échauffée, l’air hébété de l’homme qui revient à la raison au sortir de l’état d’ivresse.

Il courait de côtés et d’autres, la tête nue, les cheveux et la barbe au vent.

Il se précipitait en courts zig-zags, d’un groupe à l’autre, son air extraordinaire attirant sur lui un feu roulant de traits d’esprit, si bien qu’il me rappelait malgré moi une bécasse voletant à travers une ligne de fusils.

Nous le vîmes s’arrêter un instant près de la barouche jaune et remettre quelque chose à Sir Lothian Hume.

Aussitôt après, il revint et nous apercevant tout à coup, il jeta un grand cri de joie et courut vers nous de toute sa vitesse en tenant un papier à bout de bras.

— Vous me faites un bel oiseau, John Cummings, dit Harrison d’un ton de reproche. Ne vous avais-je pas recommandé de ne pas avaler une goutte de liquide, avant d’avoir remis votre message à Sir Charles ?

— Je mériterais d’être roué, oui, cria-t-il tourmenté par le remords. Je vous ai demandé, Sir Charles, aussi vrai que je suis vivant, mais vous n’étiez pas là et alors que voulez-vous ? J’étais si content de placer mes enjeux à ce prix-là, sachant qu’Harrison allait lutter… Et puis le maître de l’hôtel Georges m’a fait goûter à ses bouteilles de derrière les fagots, si bien que je n’ai plus eu ma tête à moi. Et à présent, c’est seulement après le combat que je vous vois, Sir Charles, et si vous faites