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jim harrison, boxeur

— J’ai appris qu’il était arrivé à l’hôtel Georges à six heures. Or, je ne suis arrivé de Reigate qu’à sept heures passées et, à ce moment-là, je suis sûr qu’il devait avoir bu sa commission. Mais où est votre neveu Jim et comment avez-vous pu savoir qu’on aurait besoin de vous ?

— Ce n’est pas sa faute, je vous en réponds, s’il vous a laissé dans le pétrin. Quant à moi, j’ai reçu l’ordre de le remplacer. Cet ordre m’a été donné par le seul homme en ce monde, auquel je n’aurais jamais désobéi.

— Oui, Sir Charles, dit mistress Harrison qui était descendue du gig et s’était approchée de nous, tirez de lui le meilleur parti que vous pourrez pour cette fois, car vous n’aurez plus mon Jack, dussiez-vous me le demander à genoux.

— Elle n’encourage pas du tout les sports. Ça c’est un fait ! dit le forgeron.

— Les sports ! s’écria-t-elle d’une voix criarde où perçaient le mépris et la colère. Revenez m’en parler quand tout sera fini.

Elle s’éloigna en toute hâte et je la vis plus tard, assise parmi la bruyère, le dos tourné à la foule et les mains sur les oreilles, toute recroquevillée, toute convulsionnée d’appréhension.

Pendant que se passait cette scène rapide, la foule était devenue de plus en plus tumultueuse, tant par l’impatience que lui causait le retard que par son redoublement d’entrain, lorsqu’elle avait entrevu la bonne fortune inespérée de voir un boxeur aussi réputé qu’Harrison.

Son nom avait déjà circulé et plus d’un connaisseur âgé avait tiré de sa poche sa bourse en filet, pour mettre quelques guinées sur l’homme qui allait représenter l’école du passé en face de l’école du présent.