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jim harrison, boxeur

Un vilain sourire narquois passa sur la figure bilieuse de Sir Lothian.

— Je vois, dit-il, votre homme n’est pas devenu le champion sur lequel vous comptiez, au bout de son entraînement, et vous voilà bien embarrassé pour trouver une défaite. Tout de même je crois que vous eussiez pu en trouver une qui fût plus plausible ou qui comportât des suites moins sérieuses.

— Monsieur, répondit mon oncle, vous êtes un menteur, mais personne ne sait mieux que vous à quel point vous êtes un menteur.

Les joues creuses de Sir Lothian pâlirent de colère et je vis pendant un instant, dans ses yeux profondément enfoncés, la lueur que l’on aperçoit au fond de ceux d’un mâtin en fureur qui se dresse et se traîne au bout de sa chaîne.

Puis, par un effort, il redevint ce qu’il était d’ordinaire l’homme froid, dur, maître de lui-même.

— Il ne convient pas dans notre situation de nous quereller comme deux rustres ivres un jour de marché, dit-il. Nous pousserons l’affaire plus loin un autre jour.

— Pour cela, je vous le promets, répondit mon oncle d’un ton farouche.

— En attendant, je vous invite à observer les conditions de votre engagement. Si vous ne présentez pas votre champion dans vingt-cinq minutes, je réclame l’enjeu.

— Vingt-huit minutes, dit mon oncle en regardant sa montre. Alors vous pourrez le réclamer, mais pas un instant plus tôt.

Il était admirable en ce moment, car il avait l’air d’un homme qui dispose de toute sorte de ressources cachées.

Pendant ce temps, Craven, qui avait échangé quelques