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jim harrison, boxeur

Harrison pourrait gagner, tous, excepté Chris qui restait à faire des signes et des grimaces aux autres, tellement, qu’à la fin Berks fut sur le point de lui lancer un coup de torchon dans la figure pour sa peine.

Je devinai qu’il se mijotait quelque chose et ça n’était pas bien difficile à voir, surtout quand Ike-le-Rouge se dit prêt à parier un billet de cinq livres que Jim Harrison ne se battrait pas.

Donc, je me lève pour aller chercher une autre bouteille de délie-langues et je me mets derrière le guichet fermé d’un volet par lequel on fait passer les boissons du comptoir dans le salon. Je l’ouvre de la largeur d’un pouce et j’aurais été attablé avec eux que je n’aurais pas mieux entendu ce qu’ils disaient.

Il y avait Chris Mac Carthy qui bougonnait après eux, parce qu’ils ne tenaient pas leur langue tranquille. Il y avait Joe Berks qui parlait de leur casser la figure s’ils avaient l’aplomb de l’interpeller davantage.

Comme ça, Chris se mit à les raisonner, car il avait peur de Berks et il leur demanda s’ils voulaient décidément être en état de faire la besogne le lendemain matin et si le patron consentirait à payer en voyant qu’ils s’étaient grisés et qu’il ne fallait pas compter sur eux.

Ça les calma tous les trois et Yussef le batailleur demanda à quelle heure on partirait.

Chris leur dit que tant que l’hôtel Georges à Crawley ne serait pas fermé, on pourrait travailler à cela.

— C’est bien mal payé pour employer la corde, dit Ike-le-Rouge.

— Au diable la corde, dit Chris en tirant un petit bâton plombé de sa poche de côté. Pendant que trois de vous le tiendront à terre, je lui casserai l’os du bras avec ça. Nous aurons gagné notre argent et nous risquons tout au plus six mois de prison.