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jim harrison, boxeur

mer ? Pourquoi ne l’avez-vous pas mis dehors ?

Un sourire passa sur la figure du domestique.

Au même instant, on entendit dans le corridor une voix de basse profonde.

— Je vous dis de me faire entrer tout de suite, mon garçon. Autrement, ce sera tant pis pour vous.

Il me sembla que j’avais déjà entendu cette voix, mais lorsque par-dessus l’épaule du domestique j’entrevis une large face charnue, bovine, avec un nez aplati à la Michel-Ange au centre, je reconnus aussitôt l’homme que j’avais eu pour voisin au souper.

— C’est War le boxeur, monsieur, dis-je.

— Oui, monsieur, dit notre visiteur en introduisant sa volumineuse personne dans la pièce. C’est Bill War, le tenancier du cabaret à la Tonne dans Jermyn Street et l’homme le mieux côté pour l’endurance. Il n’y a qu’une chose qui est cause qu’on me bat, Sir Charles, et c’est ma viande, ça me pousse si vite, que j’en ai toujours quatre stone, quand je n’en ai pas besoin. Oui, monsieur, j’en ai attrapé assez pour faire un champion des petits poids, avec ce que j’ai en trop. Vous auriez peine à croire en me voyant que, même après m’être battu avec Mendoza, j’étais capable de sauter par-dessus les quatre pieds de hauteur de la corde qui entoure le ring, avec l’agilité d’un petit cabri, mais, maintenant, si je lançais mon castor dans le ring, je n’arriverais jamais à le ravoir, à moins que le vent ne l’en fasse sortir, car le diable m’emporte si je pourrais passer par-dessus la corde pour le rattraper. Je vous présente mes respects, jeune homme, et j’espère que vous êtes en bonne santé.

Une expression de vive contrariété avait paru sur la figure de mon oncle, en voyant envahir ainsi son séjour intime. Mais c’était une des nécessités de sa situation