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jim harrison, boxeur

pouvez croire qu’en un tel moment… Mais n’est-ce pas le pas de Sa Seigneurie que j’entends ?

Mon attention était si absorbée par les singulières façons de la dame, et par les gestes, les poses dont elle accompagnait toutes ses remarques, que je ne vis pas le grand amiral entrer dans la pièce.

Lorsque je me retournai, il était tout près à côté de moi.

C’était un petit homme brun à la tournure svelte et élancée d’un adolescent.

Il n’était point en uniforme.

Il portait un habit brun à haut collet, dont la manche droite et vide, pendait à son côté.

L’expression de sa figure était, je m’en souviens bien, extrêmement triste et douce, avec les rides profondes qui décelaient les luttes de son âme impatiente, ardente.

Un de ses yeux avait été crevé et abîmé par une blessure, mais l’autre se portait de mon père à moi avec autant de vivacité que de pénétration.

À vrai dire, d’ensemble, avec ses regards brefs et aigus, la belle pose de sa tête, tout en lui indiquait l’énergie, la promptitude, en sorte que, si je puis comparer les grandes choses aux petites, il me rappela un terrier de bonne race, bien dressé au combat, doux et leste, mais vif et prêt à tout ce que le hasard pourrait mettre sur sa voie.

— Eh bien ! lieutenant Stone, dit-il du ton le plus cordial en tendant sa main gauche à mon père, je suis fort content de vous voir. Londres est plein de marins de la Méditerranée, mais je compte qu’avant une semaine, il ne restera plus aucun officier d’entre vous sur la terre ferme.

— Je suis venu vous demander, Sir, si vous pourriez m’aider à avoir un vaisseau.