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jim harrison, boxeur

canne. Mes chênes combattront ces gredins sur l’eau quand je serai déjà oublié. Savez-vous combien il faut de chênes pour construire un vaisseau de quatre vingt canons ?

Mon père secoua la tête.

— Deux mille, pas un de moins. Chaque navire à deux ponts qui amène le drapeau blanc, coûte à l’Angleterre tout un bois. Comment nos petits-fils arriveront-ils à battre les Français si nous ne leur préparons pas de quoi construire leurs vaisseaux ?

Il remit son petit sac dans sa poche, puis, prenant le bras de Troubridge, il franchit la porte avec lui.

— Voici un homme dont la vie pourrait vous aider à régler la vôtre, dit mon père, comme nous nous installions à une table libre. C’est toujours le même gentleman paisible, toujours préoccupé du bien-être de son équipage et chérissant, dans le fond de son cœur, sa femme et ses enfants qu’il a vus si rarement. On dit dans la flotte que jamais il n’a laissé échapper un juron, Rodney, et pourtant, je ne sais comment il a pu faire, quand il était premier lieutenant, avec un équipage de débutants. Mais tout le monde aime Cuddie, car on sait que c’est un ange au combat. Comment allez-vous, capitaine Foley ? Mes respects, Sir Edward. Eh bien ! il n’y aurait qu’à exercer l’enrôlement forcé dans la compagnie présente pour faire à une corvette un équipage d’officiers à pavillon.

— Il y a ici, Rodney, reprit mon père, en jetant les yeux autour de lui, plus d’un homme dont le nom n’ira jamais plus loin que le livre de loch de son navire et qui, dans sa sphère, ne s’est pas montré moins digne qu’un amiral d’être cité en exemple. Nous les connaissons et nous parlons d’eux, bien qu’on n’ait jamais braillé leurs noms dans les rues de Londres. Il y a