Page:Doyle - Jim Harrison, Boxeur, trad Savine, 1910.djvu/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
204
jim harrison, boxeur

de froideur et de protection, m’inspirait des sentiments fort mêlés.

Mes pensées se reportaient vers le Sussex.

Je rêvais de la vie cordiale et simple qu’on mène à la campagne, quand tout à coup, on frappa à la porte et j’entendis une voix familière, puis j’aperçus sur le seuil une figure souriante, au teint hâlé, aux paupières ridées, aux yeux bleu clair.

— Eh bien ! Roddy, s’écria-t-il, comme vous voilà grand personnage ! Mais j’aimerais mieux vous voir avec l’uniforme bleu du roi sur le dos, qu’avec toutes ces cravates et toutes ces manchettes.

— Et je ne demanderais pas mieux, moi aussi, père.

— Cela me réchauffe le cœur de vous entendre parler ainsi. Lord Nelson m’a promis de vous trouver une cabine. Demain nous nous mettrons à sa recherche et nous lui rafraîchirons la mémoire. Mais où est votre oncle ?

— Il fait sa promenade à cheval au Mail.

Une expression de soulagement passa sur l’honnête figure de mon père, car il ne se sentait jamais complètement à son aise en compagnie de son beau-frère.

— Je suis allé à l’Amirauté et je compte avoir un navire quand la guerre éclatera. En tout cas, cela ne tardera pas bien longtemps. Lord Saint-Vincent me l’a dit de sa propre bouche. Mais je suis attendu chez Fladong, Roddy. Si vous voulez venir y souper avec moi, vous y verrez quelques-uns de mes camarades de la Méditerranée.

Quand on se rappelle que, dans la dernière année de la guerre, nous avions cinquante mille marins et soldats de marine embarqués, que commandaient quatre mille officiers, quand on songe que la moitié de ce nombre avait été licencié, quand le traité de paix d’Amiens