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jim harrison, boxeur

trop pressés d’arriver à destination, de sorte que s’il n’avait pas eu la chance d’une jante brisée, d’une roue disjointe, l’aubergiste n’aurait pu compter que sur la soif des gens du village.

C’était juste l’époque où le prince de Galles venait de construire à Brighton son bizarre palais près de la mer.

En conséquence, depuis mai jusqu’en septembre, il ne s’écoulait pas un jour que nous ne vissions défiler à grand bruit, devant nos portes, une ou deux centaines de phaétons.

Le petit Jim et moi, nous avons passé maintes soirées d’été allongés dans l’herbe à contempler tout ce grand monde, à saluer de nos cris les coches de Londres, arrivant avec fracas, au milieu d’un nuage de poussière et les postillons penchés en avant, les trompettes retentissantes, les cochers coiffés de chapeaux bas à bords très relevés, avec la figure aussi cramoisie que leurs habits.

Les voyageurs riaient toujours quand le petit Jim les interpellait à haute voix, mais s’ils avaient su comprendre ce que signifiaient ses gros membres mal articulés, ses épaules disloquées, ils l’auraient peut-être regardé de plus près et lui auraient accordé leurs encouragements.

Le petit Jim n’avait connu ni son père ni sa mère, et toute sa vie s’était écoulée chez son oncle, le champion Harrison. Harrison, c’était le forgeron de Friar’s Oak.

Il avait reçu ce surnom, le jour où il avait combattu avec Tom Johnson, qui était alors en possession de la ceinture d’Angleterre, et il l’aurait sûrement battu sans l’apparition des magistrats du comté de Bedford qui interrompirent la bataille.

Pendant des années, Harrison n’eut pas son pareil pour l’ardeur à combattre et pour son adresse à porter