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jim harrison, boxeur

ils virent les belles lignes de son corps, et je criai comme les autres.

Il avait les épaules plutôt tombantes que massives, mais il avait les muscles à la bonne place, faisant des ondulations longues et douces, du cou à l’épaule, et de l’épaule au coude.

Son travail à l’enclume avait donné à ses bras leur plus haut degré de développement.

La vie salubre de la campagne avait revêtu d’un luisant brillant sa peau d’ivoire qui reflétait la lumière des lampes.

Son expression indiquait un grand entrain, la confiance. Il avait cette sorte de demi-sourire farouche que je lui avais vu bien des fois dans le cours de notre adolescence et qui indiquait, sans l’ombre d’un doute pour moi, la détermination d’un orgueil dur comme fer.

Il perdrait connaissance, longtemps avant que le courage l’abandonnât.

Pendant ce temps, Joe Berks s’était avancé d’un air fanfaron et s’était arrêté les bras croisés entre ses seconds, dans l’angle opposé.

Son expression n’avait rien de la hâte, de l’ardeur de son adversaire et sa peau d’un blanc mat, aux plis profonds sur la poitrine et sur les côtes, prouvait, même à des yeux inexpérimentés, comme les miens, qu’il n’était pas un boxeur manquant d’entraînement.

Certes une vie passée à boire des petits verres et à se donner du bon temps l’avait rendu bouffi et lourd.

D’autre part, il était fameux par son adresse, par la force de son coup, de sorte que même devant la supériorité de l’âge et de la condition, les paris furent à trois contre un en sa faveur.

Sa figure charnue, rasée de près, exprimait la férocité autant que le courage.