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jim harrison, boxeur

jusqu’à ce que vous ayez vos habits, il faudra rester en retraite.

La prise des mesures fut une cérémonie des plus solennelles et des plus sérieuses, mais ce ne fut rien encore à côté de l’essayage, qui eut lieu deux jours plus tard. Mon oncle fut véritablement au supplice pendant que chaque pièce du vêtement était mise en place et que lui et Weston discutaient à propos de la moindre couture, des revers, des basques, et que je finissais par avoir le vertige, à force de pirouetter devant eux.

Puis, au moment où je m’en croyais quitte, survint le jeune M. Brummel qui promettait d’être plus difficile encore que mon oncle, et il fallut rebattre à fond toute l’affaire entre eux.

C’était un homme d’assez belle prestance, avec une figure longue, un teint clair, des cheveux châtains et de petits favoris roux.

Ses manières étaient langoureuses, son accent traînant, et tout en éclipsant mon oncle par le style extravagant de son langage, il lui manquait cet air viril et décidé qui perçait à travers tout ce qu’affectait mon parent.

— Comment ? Georges, s’écria mon oncle, je vous croyais avec votre régiment ?

— J’ai renvoyé mes papiers, dit l’autre avec son accent traînant.

— Je me doutais que cela finirait ainsi.

— Oui, le dixième avait reçu l’ordre de partir pour Manchester et on ne devait compter guère que je me rendrais en un tel endroit. Enfin, j’ai trouvé un major monstrueusement butor.

— Comment cela ?

— Il supposait que j’étais au fait de cet absurde exercice, Tregellis, comme vous le pensez bien, j’avais tout autre chose dans l’esprit. Je n’éprouvais aucune