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jim harrison, boxeur

une cordiale poignée de mains de mon père, après que ma mère m’eut une dernière fois embrassé en sanglotant, je pris ma place sur le devant à côté de mon oncle.

— Laissez-la aller, dit-il au palefrenier.

Et après une légère secousse, un coup de fouet et un tintement de grelots, nous commençâmes notre voyage.

À travers les années, avec quelle netteté, je revois ce jour de printemps, avec ses campagnes d’un vert anglais, son ciel que rafraîchit l’air d’Angleterre, et ce cottage jaune à pignon pointu dans lequel j’étais arrivé de l’enfance à la virilité.

Je vois aussi à la porte du jardin quelques personnes, ma mère qui tourne la tête vers le dehors et agite un mouchoir, mon père en habit bleu, en culotte blanche, d’une main s’appuyant sur sa canne et de l’autre, s’abritant les yeux pour nous suivre du regard.

Tout le village était sorti pour voir le jeune Roddy Stone partir en compagnie de son parent, le grand personnage venu de Londres et pour aller visiter le prince dans son propre palais.

Les Harrison devant la forge, me faisaient des signes, de même John Cummings posté sur le seuil de l’auberge.

Je vis aussi Joshua Allen, mon vieux maître d’école. Il me montrait aux gens comme pour leur dire : voilà ce qu’on devient en passant par mon école.

Pour achever le tableau, croiriez-vous qu’à la sortie même du village, nous passâmes tout près de miss Hinton l’actrice, dans le même phaéton attelé du même poney que quand je la vis pour la première fois, et si différente de ce qu’elle était ce jour-là !

Je me dis que si même le petit Jim n’eut fait que cela, il ne devait pas croire que sa jeunesse s’était écoulée stérilement à la campagne.