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jim harrison, boxeur

— Je ne me souviens que trop bien de vous, sir Charles Tregellis, dit-elle. Vous n’êtes pas venu, j’espère, aujourd’hui pour tenter de ramener mon mari dans la voie qu’il a abandonnée.

— Voilà comment elle est, sir Charles, dit Harrison en posant sa large main sur l’épaule de la femme. Elle a obtenu ma promesse et elle la garde. Jamais il n’y eut meilleure épouse et plus laborieuse, mais elle n’est pas, comme vous diriez, une personne propre à encourager les sports. Ça, c’est un fait.

— Sport ! s’écria la femme avec âpreté. C’est un charmant sport pour vous, sir Charles, qui faites agréablement vos vingt milles en voiture à travers champs avec votre panier à déjeuner et vos vins, pour retourner gaiement à Londres, à la fraîcheur du soir, avec une bataille savamment livrée comme sujet de conversation. Songez à ce que fut pour moi ce sport, quand je restais de longues heures immobile, à écouter le bruit des roues de la chaise qui me ramènerait mon mari. Certains jours, il rentrait de lui-même. À certains autres, on l’aidait à rentrer, ou bien on le transportait, et c’était uniquement grâce à ses habits que je le reconnaissais.

— Allons, ma femme, dit Harrison, en lui tapotant amicalement sur l’épaule. J’ai été parfois mal arrangé en mon temps, mais cela n’a jamais été aussi grave que cela.

— Et passer ensuite des semaines et des semaines avec la crainte que le premier coup frappé à la porte, soit pour annoncer que l’autre est mort, que mon mari sera amené à la barre et jugé pour meurtre.

— Non, elle n’a pas une goutte de sportsman dans les veines, dit Harrison. Elle ne sera jamais une protectrice du sport. C’est l’affaire de Baruch le noir qui l’a