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IX

Véritables Icares, on dirait ces jeunes messieurs tombés du soleil sur une terre où ils ont mission d’enseigner à des idiots ce qu’ils ont vu sans comprendre, ce qu’ils pourraient voir même ici s’ils avaient la faculté de le comprendre. Types incarnés de l’orgueil ils en épuisent toutes les phases. Quand ils laissent le Canada pour leur voyage d’outremer, mille amis les saluent avec regret. Quand ils reviennent, ils ne sont ni Canadiens, ni Anglais, ni Français. Ils semblent toucher une terre inconnue, ils n’y reconnaissent plus personne. Ils étaient partis gamins, ils reviennent princes… princes de la fatuité. Leur manie ne se restreint pas à ne trouver rien : de bien sur leur sol natal ; leur extérieur a subi le travestissement de leur esprit. Leurs habits ne sont pas ceux du Parisien, ou s’ils ; le sont, ils les ont empruntés à la Comédie. Leurs petits saluts gracieux, leur démarche élégamment bouffonne ne suffisent pas pour attirer l’attention. Il leur faut un long froc sans coutures ni ouvertures, un sac en un mot. ; Sur la tête un caperon de Jockey. Et quelles moustaches ! Foi de Turc, c’est à faire peur.