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vu moi-même le fils d’un cordonnier de Provence, choisi par Napoléon et placé par lui à la tête d’un corps de cuirassiers. Malgré cette égalité de rang au sein de l’école, il arrivait parfois qu’un jeune homme, qui, pour rester français, avait été obligé de convertir son nom de noblesse, se rappelait qu’il n’était pas né roturier. On fesait ordinairement disparaître ces souvenirs avec assez de sévérité. Mais la nature est quelquefois plus forte que la volonté. Je me pris un jour de querelle avec un jeune Franc-Comtois, qui, dans le cours de la dispute, commença à réciter comme un chapelet, sa lignée de noblesse, transmise de siècle en siècle jusqu’au règne de la terreur. Il établissait en même temps mes titres, qui, d’après lui, consistaient en rustre, sauvage de l’Amérique envoyé pour goûter à la civilisation &c. &c. Si bien que le len-