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« Je vous disais que ma farce m’était devenue sérieuse à Boston. Voici comment. Nos deux vaisseaux avaient été séparés par une légère tempête qui nous avait attendus presqu’à la sortie même du port d’Irlande. Après avoir été ainsi pendant un mois et quelques jours sur la mer, nous nous retrouvons à Boston. C’est à dire que notre vaisseau y arriva deux jours après l’autre. Les premières personnes que j’aperçois sur le port sont deux de mes filles qui, croyant attendre chacune le leur pour les faire vivre, s’adressent à moi l’une et l’autre. Me voici donc avec deux femmes qui n’avaient pour moi d’autre attachement que celui que leur inspirait la faim. Heureusement que je parvins à les placer, car sans cela ma bourse et moi se trouvaient bigames sans grand besoin, je vous en assure.