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En fait, Aurore sera le plus souvent auprès de sa grand’mère qui s’est chargée de son éducation, et à Nohant plutôt qu’à Paris. Elle va y vivre en compagnie de son demi-frère, Hippolyte Chatiron, partageant avec lui les leçons du pédagogue Deschartres, le même qui avait élevé Maurice Dupin, moitié régisseur, moitié précepteur, autoritaire, rogue, pédant, d’ailleurs tendre et dévoué jusqu’à l’héroïsme, haïssable et touchant, un cœur d’or sous l’enveloppe d’un cuistre. Nohant, c’est le Berry, c’est la campagne, c’est la nature. Et la nature va être pour Aurore Dupin une incomparable éducatrice.

Jusqu’ici on ne relève chez l’enfant qu’un trait de caractère : une tendance prononcée à la rêverie. Elle reste, de longues heures, seule, immobile, le regard perdu. À ceux qui s’inquiètent, en lui voyant l’air si bête, la mère répond : « N’ayez crainte ! Elle rumine toujours quelque chose. » La vie à la campagne — tout en procurant à l’enfant l’exercice et le grand air, qui lui feront une santé magnifique — donnera à sa rêverie une tournure et