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Dupin, de son côté, avait un fils naturel, Hippolyte : on n’avait pas de reproches à se faire. Quand Maurice Dupin épousa Sophie-Victoire, un mois avant la naissance d’Aurore, — il était temps ! — il éprouva d’abord de la résistance de la part de sa mère ; mais celle-ci était indulgente : elle céda. La conduite de Sophie-Victoire fut-elle irréprochable, tant que vécut son mari ? Peut-être. Mais, après la mort de celui-ci, elle retourna à ses habitudes d’inconduite. Elle était tout à fait galante. Elle a d’ailleurs de la religion, et pour rien au monde ne manquerait la messe. Emportée, jalouse, bruyante, à la moindre contrariété son sang ne fait qu’un tour et lui monte à la tête. Alors ce sont des cris, c’est une tempête, c’est un débordement d’outrages. Il n’est pour la faire taire que de crier plus fort. Au surplus, elle n’y met pas de malice et n’en veut pas à ceux qu’elle vient d’injurier. Sentimentale, cela va sans dire, et pourtant passionnée plutôt que tendre, elle oubliait soudain ceux qu’elle avait le mieux aimés : il y avait des trous dans sa mémoire, et dans sa conscience de grandes