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que sa petite-fille la retrouve dans ses plus lointains souvenirs : grande, svelte, blonde et si calme ! À Nohant, elle n’avait pour compagnie que celle de ses femmes de chambre et de ses livres. À Paris, elle s’entourait de gens de son monde et de son temps, qui avaient les idées et les airs de tête d’autrefois. Elle prolongeait ainsi, dans le siècle nouveau, des nuances d’esprit et des manières d’ancien régime.

À ce type de race et de fine culture s’oppose le type vulgaire, populacier, de la mère d’Aurore : petite, brune, ardente, violente. Elle aussi, la fille de l’oiselier, elle avait été emprisonnée par la Révolution, et dans ce même couvent des Anglaises, et vers le même temps que la petite-fille de Maurice de Saxe : la Terreur s’entendait à réaliser ainsi la fusion des classes. Elle fut vaguement comparse dans un petit théâtre : ce ne fut pour elle qu’une entrée de carrière. Quand Maurice Dupin la rencontra, aux armées, elle était la maîtresse d’un vieux général. Elle avait déjà un enfant, Caroline, de provenance indécise ; Maurice