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que cet amour était une faiblesse, et qu’il pouvait devenir une faute. Mais quoi ! Ne sait-on pas que la passion est chose fatale et irrésistible ? « Nulle créature humaine ne peut commander à l’amour et nul n’est coupable pour le ressentir et pour le perdre. Ce qui avilit la femme, c’est le mensonge… » Et encore : « Ils ne sont pas coupables, ils s’aiment. Il n’y a pas de crime là où il y a de l’amour sincère. » L’union de l’homme et de la femme, d’après cette théorie, ne repose que sur l’amour ; l’amour disparaissant, l’union ne saurait subsister. Le mariage est d’institution humaine ; mais la passion est d’essence divine. Dans le conflit, c’est le mariage qui a tort.

Le mariage ayant pour but unique l’attrait, celui du sentiment ou celui des sens, pour seul objet l’échange de deux fantaisies, et le serment de fidélité étant une sottise ou une bassesse, imagine-t-on un plus complet renversement du bon sens, une pire méconnaissance de ce qu’il y a de noble et de grand dans cet effort que fait l’homme pour lutter contre toutes les chances de destruction qui