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dans ma dernière leçon, contient une lettre des plus intéressantes, relative à la composition d’Indiana. Elle est du 28 février 1832. George Sand insiste d’abord sur la sévérité du sujet et sur sa ressemblance à la vie : « Il est aussi simple, aussi naturel, aussi positif, que vous le désiriez. Il n’est ni romantique, ni mosaïque, ni frénétique ; c’est de la vie ordinaire, c’est de là vraisemblance bourgeoise, mais malheureusement c’est beaucoup plus difficile que la littérature boursouflée… Pas le plus petit mot pour rire, pas une description, pas de poésie pour deux liards, pas de situations imprévues, extraordinaires, transcendantes : ce sont quatre volumes sur quatre caractères. Peut-on faire avec cela seulement, avec des sentiments intimes, des réflexions de tous les jours, de l’amitié, de l’amour, de l’égoïsme, du dévouement, de l’amour-propre, de l’obstination, de la mélancolie, des chagrins, des ingratitudes, des déceptions et des espérances, peut-on bien avec ce gâchis de l’esprit humain faire quatre volumes qui n’ennuient jamais ? J’ai peur d’ennuyer souvent, d’ennuyer comme la vie ennuie.