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enrichis de la main de protecteurs généreux et sensibles, aux morts que l’oubli et l’abandon accablent.

Moïse Joessin dormait triste et las, surveillé un instant par nous seuls, rares et presque accidentels visiteurs, venus dans une heure de caprice saluer la cendre oubliée d’un être brave dans sa vie, mais aujourd’hui isolé, et toujours isolé. Mais parce que Joessin avait été brave et amoureux de la justice, nous demeurions respectueux sur sa tombe et devant sa mémoire perdue.

Nous fîmes une courte prière à l’intention du dormeur éternel ; et mon ami, dans un geste païen peut-être, mais non sans mérite, et à la manière des anciens sacrificateurs sur les mânes des ancêtres, lentement et avec dignité, debout dans une pose sincère, versa vis-à-vis le crâne du mort, fier comme un dernier Abencérage, versa un demi flasque de bon vin. À cet instant la brise du soir venue des pins sonores et du côté