Page:Doucet - Moïse Joessin, 1918.djvu/60

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 58 —

qu’il y voyait : non seulement, il avait eu en lui-même un océan de mépris contre l’humanité presque tout entière, mais on croyait bien qu’il s’était souvent efforcé de s’en faire mépriser, disant que c’était la preuve d’un certain mérite que d’attirer sur soi la malédiction humaine ; car lorsqu’on l’avait vu passer son chemin, si droit, si aplomb, si carrément, on s’était demandé si cet homme n’avait pas été créé pour porter une bonne partie du fardeau des misères universelles abandonnées par les consciences molles et fades, et qui s’étiolent en accès de vanité.

Heureux Moïse, il avait demandé de le laisser mourir debout, mais ne le pouvant pas, il s’était résigné à terminer sa carrière et son agonie dans un geste brusque, mais de bravoure, contre l’esprit du mal, probablement.

Et l’on s’était donc séparé sur la Grand’Pinière, presqu’en face de l’emplacement où les Joessin étaient nés, emplacement vide de la