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sur son ouvrage : c’était de sa faute, de l’orgueil : pourquoi n’avait-il pas demandé son dîner plus tôt, aussi ?

Il avait tout dépensé son argent la veille au soir, et le lendemain, de bon matin, n’ayant rien à manger, il acceptait de travailler au chargement d’un bateau qui prenait du bois de corde, à Lanoraie ; l’avant-midi s’était bien passé ; mais le midi, Moïse eut l’orgueil ou la faiblesse, de laisser entendre qu’il allait dîner comme les autres, quand n’ayant rien à prendre, il n’avait rien pris, ni rien demandé, ne comptant que sur le prix de sa journée pour se refaire l’estomac.

Par dessus le marché, il travaillait avec le grand Marga, de « l’autre-bord », qui semblait le défier, lui-même, Moïse Joessin en personne.

Il faisait une grande chaleur, la journée était longue, longue. Des jurons intérieurs, ou prononcés à mots couverts, lui donnait de la force, sans doute : les quartiers de bois de quatre pieds