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INTRODUCTION.


prologues des deux journées. « Chaque acte », écrit Luzelw, « est précédé d’un prologue destiné à donner aux spectateurs un résumé de ce que contient cet acte et à implorer leur indulgence pour l’inexpérience et la timidité des acteurs. Autrefois, ces prologues se récitaient en exécutant des marches sur la scène aux sons d’un biniou et d’un violon. Le personnage chargé de réciter le prologue se mettait à la tête d’une petite troupe de six ou huit hommes et, précédé du sonneur de biniou, il continuait à faire lentement le tour du théâtre suivi de sa troupe, marquant la mesure avec les pieds, déclamant gravement, doctoralement son prologue, et faisant une pause par quatre vers. Le prologue est dans l’opinion des acteurs bretons une chose indispensable ; ils pensent que le public étant prévenu de ce qui va arriver doit tout juger et tout apprécier avec plus de facilité et de sang-froid, n’étant pas à tout moment surpris et étourdi par les nombreux incidents de l’action qui se déroule sous ses yeux ». Les prologues de Louis Eunius ne sont guère ainsi qu’une analyse de la pièce, sans réflexions personnelles intéressantes. On peut noter pourtant dans A les excuses ordinaires sur l’ignorance et la grossièreté du Prologueur(,) ; dans D, les curieux détails sur les remaniements qu’a subis le texte. Nous n’avons conservé d’épilogue que dans la traduction de M. Ce n’est d’ailleurs qu’un épilogue passe-partout, car, sauf quelques variantes et lacunes, il est identique à l’épilogue de la Vie de saint Patrice (3), et il ressemble singulièrement à l’épilogue de Moïsel4) et à celui d’Eulogius(6>. Il n’en est pas moins fort intéressant. L’acteur chargé de ce rôle remercie d’abord les prêtres, puis les nobles, les clercs, les jeunes gens ; ensuite il prévient les critiques des gens malintentionnés, et fait appel à la générosité de l’assistance pour aider les acteurs à payer leur souper : « Aussi je vous en prie, qu’aucun de vous ne reste à la maison, — et dans la crainte que vous ne l’oubliiez, je vous prie aussi d’apporter chacun pour le moins une pièce de trente sols. — Enfin, chers auditeurs, c’est votre devoir ; mais n’eussiez-vous qu’un sol, revenez quand môme, nous ferons notre possible pour que vous vous en retourniez (1) Notes manuscrites inédites sur le théâtre breton, en la possession de A. Le Braz ; — A. Le Braz, Essai sur l’histoire du théâtre celtique, p ; 406, 479 ; Luzel, Sainte Tryphine et le roi Arthur, p. xxv ; Revue celtique, t. III, p. 392.

(2) V. 1813.

(3) Publié et traduit par J. Dunn, p. 258-265. (4) Traduit par Luzel, Sainte Tryphine et le roi Arthur, p. xxix-xxxix. (5) Traduit en partie par A. Le Braz, Essai sur l’histoire du théâtre celtique, p. 409, et publié en partie par le même, Textes bretons inédits, pour servir à l’histoire du théâtre celtique, p. 30.